Germinations et contraintes

Dessinateur et peintre, Michel Gayard fait montre d’une formidable sûreté technique assortie d’une rare capacité à se renouveler. Ici des efflorescences sʼenvolent sur la feuille dans une légèreté satinée de crépuscule. À côté, des forces jouent dans lʼespace, le noir le plus compact est troué d’une tache claire. Univers minéral, le dessin laisse tous les choix fantastiques. La série des Germinations porte aussi de ces lumières fulgurantes : des formes surgissent de sols impossibles, bubonneux et tranchants, et s’effilochent, s’enfuient, se dispersent.

Cheminements organiques resserre le champ sur une composition plus géométrique d’obliques et dʼhorizontales, dʼirrégularités et de cadres, failles, décalages, la vie sʼéchappe par des déchirures du rationnel, se répand sur le tissu de lʼimaginaire. Rayon blanc ou bouillonnement sombre, la ligne a toutes les libertés, même celles de se faire couleur ou d’amener l’œil se perdre dans des masses inconnues. Elle caresse ou écorche, crie ou sʼefface.

Françoise Bouligault – 1986