Le dessin exalté

La vie est plus importante que lʼart et lʼart ne peut provenir que de la vie, aime-t-il à dire. Depuis lors, Michel Gayard essaie dʼimpliquer sa vie dans sa peinture, de vivre ce qu’il peint et de peindre ce qu’il vit et, sincère, ses émotions transparaissent nécessairement dans son travail.

Il semble qu’au moment de dessiner, lorsqu’on est face à la toile, on éprouve quelquefois des moments de grâce et de plaisirs parfaits. On dessine alors sans savoir comment : inconscient – intuition. Une peinture ne traduit jamais le caractère immédiat de ces moments : c’est pour cela qu’il préfère le dessin. Parce qu’il lui semble impossible de conserver cette tension, et qu’il ne sait comment la retrouver.

Si la peinture est essentielle pour moi, elle n’est pas le principal, c’est une forme d’alibi, j’y mets tout, en vivant la sensation que c’est en remplacement de quelque chose et que le principal manque. Ce qui est admirable dans la peinture, c’est que quoi qu’on fasse, lʼessentiel est reporté au prochain tableau, écrit Michel Gayard.

Peindre et transmettre le sentiment pur et non lʼinformation de ce sentiment. Que le dessin soit en même temps une fin et un intermédiaire.

Toutes ses toiles, tous ses dessins sont liés, intriqués, unis à définir lʼinvisible par le visible, ce qui mʼintéresse, c’est le tableau manquant.

Jack Arnould – 1990