Peinture(s) et dess(e)ins

Et si c’était ça un tableau ? Ces instants entrevus, écrasés sur la toile, reliés à cette petite chose que tu ne peux pas quitter des yeux. Cette infinité de possibles d’avant et après, de profils et de faces de désirs et de peurs, cette infinité de moments qui se heurtent, sʼentrechoquent, sʼentrecroisent et se nouent parfois pour dessiner quelque chose qui ressemble à ta vie.

Mais je sais bien que, malgré tout, ce n’est pas facile. Je sais bien qu’il faut peindre, que le tableau est là et qu’il faut le finir. Et que, sous chaque geste, il y a le désir de dire et la crainte de trahir, et que chaque dire trahit d’autres dires, chaque trait définit et écarte, chaque touche précise et élimine.

Ne crois pas que je ne comprenne pas, que je ne sache pas le poids dʼinquiétude que porte cette histoire… Je sais la tendresse de ton regard, le désir de montrer et la volonté de ne pas enfermer. Je mesure l’ampleur de la contradiction, cette fracture que comble ici, pour un instant, pour un tableau, lʼépaisseur de ce que je voudrais appeler – en faisant de ce mot le plus bel hommage – TON TRAVAIL.

Anne Damiecky – 1991